Berlin 1938 ?… Non, Kiev 2019 !

Berlin 1938 ?… Non, Kiev 2019 !

Plusieurs milliers de militants ukrainiens d’une organisation d’extrême droite ultranationaliste appelée Natsionalni Droujyny (« les Milices[1] nationales ») ont marché silencieusement dans le centre de Kiev, le 2 mars 2019, pour célébrer le premier anniversaire de sa création.

Cette formation, dont le but officiel est d’assister les forces de maintien de l’ordre dans les villes ukrainiennes, est la composante paramilitaire d’un parti, le Natsionalnyï korpous (« Corps national »). Il est issu de Patriot Oukraïny (« Patriote d’Ukraine »), l’un des groupes à l’idéologie ouvertement néo-nazie qui composèrent le Pravy sektor (« Secteur droit ») lors des événements de l’EuroMaïdan en 2014.

Une partie importante des membres de ces « milices » provient d’ailleurs du polk «Azov» (régiment Azov) composé en grande partie par des militants de Pravy sektor pour combattre les « terroristes » du Donbass. Le président du Korpous, le député d’extrême droite Andriï Biletskyï, est d’ailleurs le commandant en titre du régiment Azov.

Officiellement, l’idéologie du Korpous et des milices n’est plus néo-nazie. Leurs dirigeants en veulent pour preuve qu’ils ont abandonné le symbole de la Wolfsangel (le « crochet de loup » utilisé par la 2. SS-Panzer-Division « Das Reich ») pour une version stylisée du trident ukrainien, le tryzoub. Cependant, Tryzoub était également le nom d’une formation d’extrême droite radicale – se revendiquant de Stepan Bandera – qui a constitué le noyau de Pravy sektor. De plus, comme on peut le constater, le cadre graphique utilisé par le nouveau symbole présente des similitudes frappantes avec l’iconographie nazie. Hasard ?

 

 

[1] La traduction du terme par « milice » semble s’être imposée à partir de l’anglais. En fait, Droujyna a le sens d’« escouade » ou de « patrouille ». Dans l’ancien temps, on parlait aussi de « guet ».

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique