Ministre polonais, suite : les présidents ne sont pas tendres

Ministre polonais, suite : les présidents ne sont pas tendres

Dans le précédent billet, nous nous permettions de taxer le ministre polonais de la Défense, Antoni Macierewic, d’incompétence parce qu’il avait été victime (volontaire ?) du canular sur la vente des Mistral égyptiens à la Russie pour 1 dollar symbolique.

L’ancien président de Pologne Bronisław Komorowski (2010-2015) – qui fut également ministre de la Défense – est encore moins tendre : « Il y a de quoi s’inquiéter [des propos du ministre Macierewic]. Ses déclarations montrent un degré d’ignorance et de légèreté dont les conséquences peuvent aller loin », a-t-il déclaré à la chaîne de télévision TVN24. « C’est une honte non seulement pour le ministre de la défense, mais aussi pour l'État polonais. »

Évidemment, Komorowski n’est pas du même bord politique que Macierewic et c’est sous sa présidence que l’achat des hélicoptères Caracal à Airbus a été décidé, en compensation de l’abandon par la France du contrat des Mistral avec la Russie. On peut donc comprendre qu’il ne soit pas tendre.

Mais l’actuel président, Andrzej Duda, n’a pas apprécié non plus la déclaration de son ministre de la Défense. Interrogé à ce propos par la chaîne Polsat News, il a répondu : « Monsieur le ministre avait une information, et j’en ai une autre à ce sujet, qui n’est pas la même que celle dont il dispose (…). J’ai reçu une information qui, comme je le pense, correspond à la réalité. »

Ce désaveu prend encore plus de sens lorsque l’on garde en mémoire que le ministre de la Défense est censé disposer des ressources du renseignement militaire.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique