Le président de la république est un alchimiste efficace mais maudit : pour son malheur – et le nôtre – il n’a pas trouvé la pierre philosophale mais son opposé, un élément mystérieux qui permet de transformer l’or en plomb, le soleil le plus radieux en brouillard poisseux et les déclarations martiales en viles pantalonnades. Cet élément lui permet aussi – et c’est peut-être sa seule utilité – de faire oublier opportunément certaines déclarations péremptoires qui, finalement, n’étaient pas destinées à être suivies d’effet. Par exemple, celle sur la « cession » à l’Ukraine de chasseurs Mirage français qu’une dissolution opportune de l’Assemblée nationale vient remettre en question. Mais replongeons-nous dans le contexte.
Que vient faire en Normandie Volodymyr Zelensky, le représentant d’un État qui honore les nazis ?
Il y a quatre-vingts ans, au tout début de juin 1944, les Alliés occidentaux se disposaient à débarquer sur les plages normandes afin de libérer la France. L’Allié soviétique, lui, se préparait à lancer sa fameuse « opération Bagration », offensive de grande ampleur contre le Heeresgruppe Mitte (groupe d’armées Centre) afin de libérer la Biélorussie et avancer en Pologne.
Dans moins d’une semaine, le 20 mai, au terme de son mandat légal, Volodymyr Zelensky ne sera plus président de l’Ukraine. Certes, le 8 mai, la Verkhovna Rada a prolongé de trois mois la loi martiale, ce qui devrait théoriquement repousser sa descente de charge jusqu’au 11 août. Théoriquement… Car dans la pratique, dans cette situation constitutionnelle inédite, on ne peut que s’interroger sur la légitimité d’un président qui a ajourné sine die la tenue des élections et interdit les principaux partis d’opposition (certains plusieurs mois avant l’intervention russe).