Comment gagner une guerre sur un malentendu ?

Occident : La cacophonie s’installe

On ne le sait pas encore, mais une nouvelle guerre a éclaté dans le monde occidental. Une guerre à bas bruit, sans coups de feu, sans explosions autres que rhétoriques, sans blessures autres que d’amour-propre, mais avec plusieurs victimes : le sérieux, la compétence et, à plus ou moins long terme, la cohésion de l’OTAN.

« I got rhythm, I got music, I got Ukraine, who can ask for anything more ? » Jusqu’à l’automne dernier, les Occidentaux dansaient allègrement – comme Gene Kelly – sur la musique de Gershwin : l’OTAN était grande et devenait plus forte jour après jour. Le problème est que depuis cet hiver, l’orchestre occidental à perdu son rythme et sa partition à mesure qu’il devenait évident que l’Ukraine ne pouvait pas gagner.

Georges Armstrong Macron et le 7e de cavelerie à la rescousse de l'Ukraine à Little Bighorn

Guerre en Ukraine : Le plan d’Emmanuel Macron pour ne pas perdre

Il est rare qu’à l’issue d’une rencontre internationale – en l’occurrence la conférence de Paris de soutien à l’Ukraine[1] – la presque totalité des participants se précipitent devant les micros pour désavouer les propos de leur hôte. C’est pourtant ce qu’a réussi le président Emmanuel Macron, le 26 février. En entrouvrant la porte à l’envoi de troupes européennes en Ukraine, il a déclenché une tempête de protestations qui a fait perdre à la France encore un peu de crédibilité diplomatique qui lui restait.

20 février 2014 : des snipers sous faux drapeau

Ukraine : Triste anniversaire (4)

4e partie et fin : Le « coup » et ses raisons

Dans les trois précédentes parties de notre série consacrée aux dix ans du début du conflit en Ukraine, nous avons vu pourquoi, contrairement au narratif habituel, il est difficile de qualifier la révolte de l’Euromaïdan de « révolution démocratique ». Mais peut-on la qualifier de « coup d’État » pour autant ?

Deux éléments donnent de claires indications en réponse : 1) Le verdict – contraire aux attentes – prononcé en octobre 2023 par un tribunal de Kiev dans l’affaire des crimes attribués aux forces de l’ordre lors des manifestations de 2014, notamment la centaine de personnes éliminées par des snipers, le 20 février ; et 2) le contenu d’un appel téléphonique fuité entre deux diplomates américains, fin janvier ou début février.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique