Les cinq présidents d'Asie centrale entourent Vladimir Poutine devant la tombe du soldat inconnu le 9 mai 2023

Géopolitique : l’Asie centrale rentre dans le rang

« Ils sont venus, ils sont tous là »… chantait Charles Aznavour. Cependant, ceux-là ne venaient pas du sud de l’Italie mais des steppes et des montagnes de l’Asie centrale. Les présidents des cinq républiques – le Kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, l’Ouzbek Chavkat Mirziïoïev, le Turkmène Serdar Berdymoukhamedov et les deux frères ennemis, le Kirghiz Sadyr Japarov et le Tadjik Emomali Rakhmon – étaient tous présents à Moscou pour entourer Vladimir Poutine le 9 mai, lors du défilé et des cérémonies marquant le 78e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie.

Rappelons que le 9 mai de l’année dernière, deux mois et demi après le lancement de l’« opération militaire spéciale » russe en Ukraine, les cinq dirigeants centrasiatiques avaient brillé par leur absence. Même le président Tokaïev n’était pas venu en dépit du soutien militaire que la Russie et les autres membres de l’OTSC[1] lui avaient apporté face aux émeutes insurrectionnelles qui avaient menacé son pouvoir en janvier 2022. Bien sûr, tous avaient de bons prétextes de ne pas venir et, d’ailleurs, conscient de cela, le Kremlin n’avait pas émis d’invitations de manière à ne pas créer de situations embarrassantes.

John Quincy Adams, 6e président des États-Unis

Géopolitique : John Quincy Adams et sa vision prémonitoire de la dérive de la politique extérieure américaine

À l’issue de la publication de mon précédent article, « Dire la vérité aux Américains », plusieurs lecteurs m’ont demandé à quoi correspondait la phrase de John Quincy Adams sur le fait pour les États-Unis de ne pas partir à l’étranger à la recherche de « monstres à détruire » et quelle vision géopolitique elle révélait. Pour répondre, le plus simple est de consulter le texte de son discours du 4 juillet 1821 prononcé devant la Chambre des représentants, tel qu’il est consigne sur le site de la John Quincy Adams Society. Voici le passage qui nous concerne et que l’on ne peut manquer de trouver prophétique dans la dérive qu’il veut pourtant prévenir :

Et maintenant, amis et compatriotes, si les philosophes sages et érudits du monde ancien, les premiers observateurs de la nutation et de l'aberration[1], les découvreurs de l'éther affolant et des planètes invisibles, les inventeurs des fusées Congreve et des obus Shrapnel, se sentaient soudain enclins à demander : « qu’est-ce que l'Amérique a fait pour le bien de l'humanité ? »

Capture d'écran de la télévision indienne WION

États-Unis : « Dire la vérité aux Américains »

La presse américaine est nettement moins conformiste que la française, même si les principaux journaux du pays comme le New York Times, le Los Angeles Times ou le Washington Post restent alignés sur les narratifs de la Maison Blanche, en particulier sur la question ukrainienne. Il n’en demeure pas moins que, depuis plusieurs mois, des voix dissonantes se font sentir et des personnalités en vue, des journalistes célèbres et des experts éminents s’interrogent publiquement sur le bien-fondé de la politique des États-Unis concernant la guerre en Europe.

Cette tendance s’est accélérée depuis les fuites de documents classifiés, issus du Département de la Défense (DoD) et de CIA, révélées au début d’avril. En effet, les infos qui y sont dévoilées contredisent le narratif résolument optimiste sur la situation en Ukraine que la Maison Blanche présente depuis plus d’un an. Ces rapports montrent que l’Ukraine manque d’armements, de munitions et de missiles, et que ses défenses aériennes sont en voie d’effondrement, en dépit de la fourniture, fort limitée, de systèmes occidentaux.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique