Le 13 juillet dernier, à Helsinki, le président Joe « Ruthenia delenda est » Biden, prenant des airs de Caton l’Ancien réclamant la destruction de Cartage, tenait des propos pour le moins décalés lors d’une conférence de presse[1] : « Poutine a déjà perdu la guerre. Poutine a un vrai problème. Comment va-t-il bouger à partir de là ? ». Ce mantra est répété à l’envi, ces derniers jours, par les principaux membres de l’administration américaine, notamment le conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan, et son porte-parole, le « coordinateur des communications stratégiques » John Kirby.
Ces derniers jours, la presse occidentale a été unanime à annoncer, avec des variantes minimes, l’information suivante : « Vladimir Poutine a reçu Evgueni Prigojine au Kremlin le 29 juin, peu de temps après la mutinerie manquée. Qu’est-ce que cela cache ? » À partir de là, une logorrhée de spéculations oiseuses, d’hypothèses débiles et d’affirmations péremptoires étayées par du vent s’est déversée de la bouche des habituels généraux de plateau et spécialistes qui connaissent les circonvolutions du cerveau du président russe mieux que leur propre poche.
La décision était attendue depuis des semaines par le monde entier… sauf par la presse occidentale qui n’en est pas revenue de sa surprise : les Russes ont osé ! Le 17 juillet, le ministère des Affaires étrangères de la fédération de Russie a notifié aux autres parties de l'Initiative céréalière de la mer Noire (Grain Deal) que Moscou suspendait sa participation. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a cependant précisé que la Russie serait prête à y revenir dès que la partie de l’accord qui la concernait serait correctement mise en œuvre.