Deux cents soldats ukrainiens, sur un contingent total de 859, quittent l'Académie de l'infanterie de Tolède (Espagne) à la fin de leur formation, le 3 avril 2023 (photo ABC).

Offensive ukrainienne : Les limites d’une armée hétéroclite

Depuis le début de la guerre, l’Ukraine compte sur ses soutiens occidentaux pour lui apporter un soutien global : diplomatique, financier et militaire, bien sûr, mais aussi dans le domaine du renseignement et du conseil politique. Sur ces deux derniers points les Américains se chargent de l’essentiel du travail, particulièrement dans le domaine politique où, selon l’aveu même de Mme Victoria Nuland (voir notre précédent article), ils travaillent en ce moment même à déterminer ce que sera le futur de l’Ukraine.

Évidemment, les États-Unis, le Royaume-Uni et différents pays de l’Union européenne fournissent capitaux, armes et matériels militaires sans oublier la formation des troupes. Et c’est là que se pose une question importante : celle de l’hétérogénéité que cela implique pour l’armée ukrainienne. Dans un article très intéressant publié sur son site, Larry Johnson, un ancien de la CIA et du bureau de lutte contre le terrorisme du Département d’État, s’interroge sur l’importance de l’uniformité pour l’armée ukrainienne au moment de lancer une offensive.

Victoria Nuland, porte-voix des "neocons" américains

Géopolitique : Que peut bien vouloir dire la « défaite stratégique » de la Russie en Ukraine ?

« Dans la perspective des États-Unis, la fin de partie est la défaite stratégique du président Poutine dans cette aventure[1]. » Lorsque Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, tint ces propos lors d’une audition devant le Sénat des États-Unis, le 8 mars 2022, l’intervention russe en Ukraine était commencée depuis moins de quinze jours. Elle exposait alors la politique du département d’État américain (l’équivalent du ministère des Affaires étrangères) selon laquelle les sanctions massives allaient provoquer un tel effondrement économique de la Russie que le Kremlin serait obligé d’arrêter une guerre qu’elle serait incapable de financer.

Comme nous l’avons vu dans notre précédent article, telle était également la position exprimée par le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire (qui parlait de l’« efficacité redoutable » des sanctions), mais aussi par de nombreux autres responsables européens. Ainsi, à Davos, le 24 mai 2022, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, déclarait que l’Ukraine devait gagner la guerre et que « l'agression de Poutine [devait] devenir un échec stratégique[2] ».

Les dirigeants du G7 et de l'Union européenne. Vers le déclin ?

Géopolitique : Le G7 face au monde multipolaire

Dans une interview donnée à Sud Radio, le 19 mai dernier (écouter ici), j’expliquais que le G7, qui s’est réuni cette fin de semaine à Hiroshima (Japon), vivait ses dernières heures d’hégémonie. Mon raisonnement se fondait sur le constat que les sanctions édictées contre la Russie par le monde occidental, dont le G7 est la quintessence, ne fonctionnaient que très mal.

Rappelons que le but avoué des mesures prises contre Moscou était, selon les termes du ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, le 1er mars 2022, de « livrer une guerre économique et financière totale à la Russie » dans le but de « provoquer l’effondrement de l’économie russe ». Les sanctions, affirmait-il péremptoire, étaient d’une « efficacité redoutable ». Près de quinze mois plus tard, on ne peut que constater à quel point il avait raison !

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique