Le Maître du Haut Château : un nouvel épisode ?

Inversion des valeurs : Le Canada montre l’exemple ?

Heureusement, la mémoire de l’horreur est encore vivace quatre-vingts ans plus tard. Inutile de revenir ici sur le scandale lié à la réception du président Volodymyr Zelensky au Parlement canadien, en compagnie du Premier ministre Justin Trudeau. Le tollé mondial soulevé à juste titre par la « standing ovation » offerte par la Chambre des communes à Yaroslav Hunka, 98 ans, combattant volontaire de la 14e division Waffen-SS « Galizien » (Halytchyna en ukrainien) a, pour une fois, été suivi d’effets. Le speaker de la Chambre, Anthony Rota – qui avait invité l’ancien combattant nazi et organisé sa reconnaissance publique – s’est vu contraint de démissionner. Quant à Justin Trudeau, il a été obligé de présenter des excuses tout en expliquant qu’il avait été piégé à l’insu de son plein gré, comme un vulgaire coureur cycliste, et que tout était d’ailleurs la faute de la propagande russe ! Le ridicule ne tue pas, mais il laisse des traces, parfois indélébiles.

Luiz Inácio Lula da Silva, XI Jinping, Cyril Ramaphosa, Narendra Modi et Sergueï Lavrov au sommet de Johannesburg

Géopolitique : La franchise des BRICS

En 2023, le groupe de pays que l’on réunit sous le sigle de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) a connu une transformation radicale. Jusqu’à récemment, la plupart des commentateurs en Occident considéraient ce groupe comme un ensemble de pays, sympathique ou antipathique selon le point de vue, mais faible et sans importance géopolitique réelle parce qu’il réunissait des puissances régionales qui n’avaient que peu en commun à part des intérêts commerciaux et, peut-être, une volonté de bouder ensemble dans leur coin en récriminant contre les États-Unis et la dictature du dollar sur l’économie mondiale. Mais jamais, croyait-on, ils ne pourraient contester l’hégémonie occidentale.

Le site du crash de l'Embraer Legacy d'Evgueni Prigojine

Prigojine : Non, Mario Puzo n’est pas dans le coup

L’auteur du Parrain, disparu en 1999, doit se retourner dans sa tombe tellement ses personnages, Vito et Michael Corleone, sont mis à toutes les sauces. La plupart des médias occidentaux ont fait un lien entre la mort d’Evgueni Prigojine dans le crash de son jet privé et le « baiser de la mort » que le président Vladimir Poutine, en bon capo mafieux, aurait donné à son caporegime pour lui pardonner sa trahison avant de le faire assassiner huit semaines plus tard. Disons-le tout de suite, cette image ne correspond en aucun cas à la réalité.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique