20 février 2014 : des snipers sous faux drapeau

Ukraine : Triste anniversaire (4)

4e partie et fin : Le « coup » et ses raisons

Dans les trois précédentes parties de notre série consacrée aux dix ans du début du conflit en Ukraine, nous avons vu pourquoi, contrairement au narratif habituel, il est difficile de qualifier la révolte de l’Euromaïdan de « révolution démocratique ». Mais peut-on la qualifier de « coup d’État » pour autant ?

Deux éléments donnent de claires indications en réponse : 1) Le verdict – contraire aux attentes – prononcé en octobre 2023 par un tribunal de Kiev dans l’affaire des crimes attribués aux forces de l’ordre lors des manifestations de 2014, notamment la centaine de personnes éliminées par des snipers, le 20 février ; et 2) le contenu d’un appel téléphonique fuité entre deux diplomates américains, fin janvier ou début février.

Congrès des nationalistes ukrainiens le 1er décembre 2013 à Kiev.

Ukraine : Triste anniversaire (3)

3e partie : La « technologie » des révolutions de couleur

Les deux premières parties de notre série consacrée aux dix ans du début du conflit en Ukraine nous ont permis de déconstruire le narratif sur lequel repose encore, en Occident, la justification de la « révolution » de l’Euromaïdan : 1) le président Ianoukovytch ne porte pas seul la responsabilité du report de la signature d’accord d’association avec l’UE : l’intransigeance de la Commission européenne y fut pour beaucoup ; et 2) le pouvoir, à Kiev, était légitime, issu du scrutin présidentiel de janvier 2010, « transparent » et « respectueux des normes internationales » selon l’OSCE, et confirmé par les législatives d’octobre 2012.

Selon l'OSCE, le scrutin présidentiel de 2010 fut « transparent » et « respectueux des normes internationales en matière d’élections démocratiques »

Ukraine : Triste anniversaire (2)

2e partie : Une « révolution démocratique » ? Vraiment ?

Comment appelle-t-on un pays qui procède à une élection en moyenne tous les deux ans et où le pouvoir change régulièrement de mains ? Une démocratie ? Pas du tout, si l’on en croit les Occidentaux, c’est une horrible dictature ! Évidemment, pour que le mouvement de l’Euromaïdan pût passer pour « démocratique » il fallait bien que le pouvoir de Viktor Ianoukovytch fût dictatorial ! C.Q.F.D., comme on disait jadis à la fin d’une démonstration de maths.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique