John Quincy Adams, 6e président des États-Unis

Géopolitique : John Quincy Adams et sa vision prémonitoire de la dérive de la politique extérieure américaine

À l’issue de la publication de mon précédent article, « Dire la vérité aux Américains », plusieurs lecteurs m’ont demandé à quoi correspondait la phrase de John Quincy Adams sur le fait pour les États-Unis de ne pas partir à l’étranger à la recherche de « monstres à détruire » et quelle vision géopolitique elle révélait. Pour répondre, le plus simple est de consulter le texte de son discours du 4 juillet 1821 prononcé devant la Chambre des représentants, tel qu’il est consigne sur le site de la John Quincy Adams Society. Voici le passage qui nous concerne et que l’on ne peut manquer de trouver prophétique dans la dérive qu’il veut pourtant prévenir :

Et maintenant, amis et compatriotes, si les philosophes sages et érudits du monde ancien, les premiers observateurs de la nutation et de l'aberration[1], les découvreurs de l'éther affolant et des planètes invisibles, les inventeurs des fusées Congreve et des obus Shrapnel, se sentaient soudain enclins à demander : « qu’est-ce que l'Amérique a fait pour le bien de l'humanité ? »

Capture d'écran de la télévision indienne WION

États-Unis : « Dire la vérité aux Américains »

La presse américaine est nettement moins conformiste que la française, même si les principaux journaux du pays comme le New York Times, le Los Angeles Times ou le Washington Post restent alignés sur les narratifs de la Maison Blanche, en particulier sur la question ukrainienne. Il n’en demeure pas moins que, depuis plusieurs mois, des voix dissonantes se font sentir et des personnalités en vue, des journalistes célèbres et des experts éminents s’interrogent publiquement sur le bien-fondé de la politique des États-Unis concernant la guerre en Europe.

Cette tendance s’est accélérée depuis les fuites de documents classifiés, issus du Département de la Défense (DoD) et de CIA, révélées au début d’avril. En effet, les infos qui y sont dévoilées contredisent le narratif résolument optimiste sur la situation en Ukraine que la Maison Blanche présente depuis plus d’un an. Ces rapports montrent que l’Ukraine manque d’armements, de munitions et de missiles, et que ses défenses aériennes sont en voie d’effondrement, en dépit de la fourniture, fort limitée, de systèmes occidentaux.

Les pilotes et mécanos de l'escadrille des Tigres volants et deux de leurs P-40

Ukraine : De nouveaux «Tigres volants» américains pour Kiev ?

Le constat est fait depuis longtemps : en dépit de l’assistance occidentale à l’Ukraine et de la fourniture par la Pologne et la Slovaquie d’une vingtaine de chasseurs Mig-29 de l’époque soviétique, l'Ukraine ne dispose pas d'appareils suffisants pour acquérir une supériorité aérienne, même limitée à un secteur du front, face à l’aviation russe, plus moderne, et aux défenses aériennes mobiles. Pourtant, un appui aérien important semble indispensable pour le lancement de la nouvelle offensive qui serait prévue dans un avenir incertain. Dans ce contexte, certaines sources évoquent la possibilité que l’administration Biden puisse fournir un soutien de l’aviation américaine en s’inspirant d’un précédent historique.

Dans un article de l'Asia Times, intitulé « Will Biden send US airpower for Ukraine offensive? » et publié le 26 avril dernier, les auteurs Stephen et Shoshana Bryen s’interrogent sur cette possibilité en évoquant l’exemple de la fameuse escadrille des Flying Tigers (« Les Tigres volants ») de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait d’un groupe de pilotes « volontaires » qui combattaient pour la Chine dans la guerre contre le Japon.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique