Chute d'Icare provoquée par l'hubris (Jacob Peter Gowy, 1637, Musée des Beaux-Arts de La Corogne).

Occident : L’hubris destructrice

Concernant la guerre en Ukraine, il est difficile d’expliquer que tant de militaires occidentaux de haut rang, compétents, efficaces et intelligents se laissent entraîner dans une sorte de wishful thinking, ce biais cognitif qui pousse les individus à croire que quelque chose est vrai simplement parce que le contraire irait à l’encontre de leurs convictions les plus profondes. Et cela en dépit des preuves opposées. Évidemment, je ne parle pas ici des généraux ou colonels de « plateau » – à la retraite et souvent dépassés – qui en viennent à dire tout et son contraire en fonction non pas de la situation sur le terrain, mais de l’ambiance dans le studio et du sourire des « expertes[1] » ukrainiennes interchangeables qui défilent devant les caméras comme les mendiants dans le métro : « Madam’-Mossio, siou plaît, donnez des armes ! donnez de l’argent ! donnez, donnez, siou plaît ».

Le Mausolée d'Humayun à New Delhi (photo: beenaroundtheglobe.com)

OTAN/Russie : Un point de vue indien sur l'OTAN et le conflit en Ukraine

Zorawar Daulet Singh est un géopoliticien reconnu en Inde. Titulaire d’un doctorat en relations internationales du King’s College de Londres et également diplômé de l’Université Johns Hopkins (Maryland, États-Unis), il est chercheur associé à l'Institute of Chinese Studies et chercheur invité au Forum for Strategic Initiative, tous deux situés à New Delhi. Spécialiste des relations entre l’Inde et la Chine, il s’est également penché, dans son dernier livre, sur le rôle de l’Inde dans les rapports est-ouest : Power and Diplomacy: India’s Foreign Policies during the Cold War (Oxford University Press, 2019).

Dans cet article du 3 juin 2023 publié par le portail indien Money Control, le Dr Daulet Singh livre sa vision sur le conflit qui oppose l’OTAN à la Russie sur le territoire ukrainien. Il nous a semblé particulièrement intéressant de le traduire et de le publier avec l’autorisation de l’auteur (voir le texte original).  

Le grand pari de l'OTAN en Ukraine a échoué

 

Deux cents soldats ukrainiens, sur un contingent total de 859, quittent l'Académie de l'infanterie de Tolède (Espagne) à la fin de leur formation, le 3 avril 2023 (photo ABC).

Offensive ukrainienne : Les limites d’une armée hétéroclite

Depuis le début de la guerre, l’Ukraine compte sur ses soutiens occidentaux pour lui apporter un soutien global : diplomatique, financier et militaire, bien sûr, mais aussi dans le domaine du renseignement et du conseil politique. Sur ces deux derniers points les Américains se chargent de l’essentiel du travail, particulièrement dans le domaine politique où, selon l’aveu même de Mme Victoria Nuland (voir notre précédent article), ils travaillent en ce moment même à déterminer ce que sera le futur de l’Ukraine.

Évidemment, les États-Unis, le Royaume-Uni et différents pays de l’Union européenne fournissent capitaux, armes et matériels militaires sans oublier la formation des troupes. Et c’est là que se pose une question importante : celle de l’hétérogénéité que cela implique pour l’armée ukrainienne. Dans un article très intéressant publié sur son site, Larry Johnson, un ancien de la CIA et du bureau de lutte contre le terrorisme du Département d’État, s’interroge sur l’importance de l’uniformité pour l’armée ukrainienne au moment de lancer une offensive.

PIERRE LORRAIN

Journaliste, écrivain - spécialiste de la Russie et de l'ex-Union Soviétique